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Paroles En Airs (par Francois Ville)
19 janvier 2014

J'ai marché dans un grotte !

 

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J'ai marché dans une Grotte

En vacances dans les Pyrénées mon épouse m'informe qu'en ce matin frais mais ensoleillé nous nous rendons en voiture dans la région du Capcir pour visiter la grotte de Fontrabiouse. Bien, comme d'habitude c'est Angelina, reine de l'organisation, qui a tout prévu dans les moindres détails. Je l'écoute lire à haute voix ce que dit le Guide Michelin au sujet de cet endroit prometteur dont j'ignorais encore l'existence il y a quelques minutes seulement, bien qu'elle ait sans doute déjà évoqué le sujet la veille.

Mon esprit vagabonde. Personnellement j'ai toujours aimé visiter des grottes. Cela permet de sentir presque physiquement le poids du passé. Je ressens à chaque fois une sorte de crainte respectueuse, mélange de claustrophobie et d'admiration primitive pour la magie mystérieuse du lieu. Ce genre de site suscite l'onirisme, j'imagine les peuplades préhistoriques qui ont pu y trouver refuge et je tente de mettre de côté la noire pensée d'une éventuelle coupure de courant, d'une explosion terroriste ou d'un tremblement de terre.

Je suis sûr que cela va beaucoup plaire à Nicolas, notre fils de 4 ans, qui est tout excité à l'idée d'aller sous la terre, "comme les Gros-Magnons" lance-t-il, bien que nous le reprenions chaque fois qu'il commet cette erreur langagière.

Nous arrivons pile-poil au moment ou un groupe va partir avec un guide, ce qu'avait parfaitement planifié Angelina. Sans perte de temps nous nous joignons donc à eux.

La grotte est vraiment des plus magnifique. Le parcours est long, sur plusieurs étages et il y a moult particularités à découvrir, magnifiées par de subtils éclairages. Du beau travail de valorisation de patrimoine.

Le guide touristique et tout rustique, de sa voix caverneuse nous explique agréablement et pédagogiquement tout ce qu'il nous faut savoir. Par exemple que le mot stalagmite se termine par "mite" comme "monte" alors que stalactite fini par "tite" comme "tombe". C'est donc un mémo-technique simple pour se rappeler à bon escient que les premières vont du sol au plafond et inversement. Une information certes rarement utile en société, sauf peut-être pour les amateurs de Trivial Pursuit, mais la connaissance doit-elle être forcément pratique ?

Quant aux autres formes générées à travers les âges par le jeu des roches et de l'eau, c'est généralement simple de savoir comment elles s'appellent. En effet, si ça ressemble à quelque chose de connu, un objet, une plante ou un animal par exemple, il existe de fortes probabilités pour que les scientifiques (pour une fois) aient nommé la forme en question du même petit nom que la dite chose. Ainsi le guide nous montre une excroissance en forme de carotte et ça s'appelle vraiment, scientifiquement, une carotte ! Pareil pour la méduse, les orgues, etc...
Les spéléologues ne sont pas allés chercher des noms latins impossibles à retenir et à prononcer par le commun des mortels. Les spéléologues sont naturellement des gens très terre à terre.

La visite est interactive, c'est sympa. Notre guide pose des questions à la cantonade et nous tachons d'y répondre.
Je retombe en enfance. J'étais timide et même quand je savais à 100% je ne levais pas la main pour apporter ma réponse au groupe. Mon petit cœur s'accélérait, mes mains devenaient moites, je respirais plus difficilement et finalement je me taisais, frustré et penaud.
Mais là je me sens en confiance, j'ai envie de prendre ma revanche et de montrer l'exemple à mon fils, pour qu'il ait la chance d'être meilleur que moi.
Profitant d'une remarque du guide comme quoi la roche ici présente s'appelle la calcite, mon cerveau fait le rapprochement avec l'information donnée précédemment par ma femme dans la voiture. Je sens que l'heure est venue pour moi de briller parmi les ténèbres de cette vaste caverne et d'illuminer de mon savoir l'assistance ignorante et affamée de culture.
Je lève le doigt et prends, plus sûr de moi que jamais, la parole : "Excusez-moi monsieur mais le mot "calcite" ne vient-il pas du fait que nous sommes ici justement dans la région du Calcir ?".
Silence.
Malgré la faible luminosité et l'excitation qui me trouble, je crois deviner les yeux émerveillés et interrogatifs de toute l'assemblée devant autant de perspicacité et d'esprit de déduction. J'attends, triomphant par avance, que le guide confirme mon hypothèse et flatte mon ego, mais il répond : "Pas du tout monsieur, vous devez confondre, nous sommes dans la région du Capcir, pas du Calcir".
Magnanime et compatissant il rajoute : "Ceci-dit il y avait de l'idée et c'était plutôt bien vu".

Tel un cyclothymique mon moral passe instantanément du sommet au sous-sol. Cette grotte est la tombe de ma revanche sur la timidité. Je me sens plus bas que terre.
Ma vue se brouille d'un début de larmes mais j'imagine sans peine mais avec beaucoup de tristesse les yeux des gens qui se baissent, leurs espoirs déçus et gênés pour moi.
Angelina quant à elle, est bien-entendu morte de rire. Je n'ose pas croiser le regard de Nicolas qui n'arrête pas de demander "Qu'est-ce qu'il a dit papa, qu'est-ce qu'il a dit papa ?".

J'ai marché dans une grotte en étant gauche mais manifestement ça ne m'a pas porté chance.

En sortant, de rage je dévalise la boutique souterraine de spiritueux locaux. Homo Sapiens déchu, je prends la décision de noyer mon chagrin dans l'alcool. Dorénavant je serais un Homme des Tavernes.

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